Le jardin médiéval
L'été ou un jardin médiéval

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Portrait du jardín médiéval


Le jardin médiéval est un jardin clos, de forme carrée ou rectangulaire, qui s’inspire des jardins des cloîtres et est divisé en espaces réguliers délimités pas des treillages et des ouvrages de bois.
Les cultures sont réalisées sur des plates-bandes surélevées consolidées par des planches ou des tressages de branchages de saule ou de châtaignier appelés « plessis ».
On peut s’y asseoir sur des banquettes de gazon fleuri renforcées parfois par des murets de tuiles.
Le jardin associe :

1- Un herbularius ( jardin de simples : plantes aromatiques et médicinales)

2- Un hortus (jardin potager)


3- Un viridarium (verger plantés d’arbres fruitiers agencés en
forme de croix et qui sert de cimetière)


4- Un jardin d’agrément ( jardin secret ou jardin d’amour où abondent banquettes engazonnées,
prairies mille-fleurs , arbres ornementaux et fontaine)


Plantes et formes géométriques possédent une puissante valeur symbolique qui enracine le jardin dans la lecture de l’Ancien Testament et dans la vision du monde de l’époque.
Tous ces Edens proposent une vision du Paradis perdu où l’homme vivait en autarcie , à l’abri des difficultés de la vie.




1-Le jardín de simples

On appelait simples, les plantes médicinales qui étaient utilisées pour soigner les malades sans avoir recours aux remèdes sophistiqués des apothicaires.
Les carrés médicinaux sont généralement organisés selon l’usage des dites plantes :

- Plantes des fièvres et des refroidissements (nos antibiotiques)
- Plantes des femmes (pharmacopée destinée aux problèmes féminins )
- Plantes vulnéraires (pour les traumatismes)
- Purges (pour équilibrer les humeurs)
- Plantes des maux de ventre (fréquents en raison d’une nourriture mal équilibrée)


Dès les premiers siècles chrétiens, les ordres religieux assurent les soins aux malades. Au sein des monastères, les moines érudits se mirent à rechercher, à transcrire et commenter les oeuvres d’Aristote, Hippocrate, Dioscoride, Galien ou Pline et à traiter les malades aves des plantes médicinales cultivées dans leurs jardins de simples.
Au VIII ème siècle, Charlemagne en décrit 88 dans son Capitulaire de Villis et impose que toute abbaye soit pourvue de ces plantes.
A l’intérieur des châteaux forts eux-mêmes, on aménagea des courtils ou des enclos où poussèrent fleurs et simples. Les châtelaines considéraient comme un devoir sacré de soigner les blessés, d’apporter leur secours aux malades, d’assister les femmes en couches vivant sur leurs domaines, d’offrir l’hospitalité aux pélerins fourbus cheminant vers un lieu saint.




2- Le potager

Le potager comporte en général neuf carrés, neuf comme trois fois trois.
Le nombre de carrés se réfère à la symbolique chrétienne, 9 étant un multiple du chiffre trois représentant la Trinité.
La Trinité est un symbole chrétien .Les Grecs de l’Antiquité en avaient déjà fait un chiffre sacré rapprochant les trois phases de la lune nouvelle , pleine et vieille , des trois âges de la femme : jeune fille, nymphe et vieille femme.

Le potager de « l’Ancien monde » regroupe tout ce qui était à la portée de nos ancêtres « d’avant l’Amérique » pour se nourrir.
Familières de la table des pauvres, les céréales et les légumineuses y sont les plus représentées : Choux, oignons,poireaux , pois chiche, ainsi que les herbes à cuire : bettes, arroches ,épinards ou amarantes ou les légumes –racines, tels navets, carottes, choux-navets et panais.

A la rescousse de la monotonie du quotidien, on produisait de nombreux condiments et aromates qui remplaçaient , chez les plus démunis, les épices des tables aisées.
L’ail y régnait en maître, de même que la moutarde et le raifort.
Les ombellifères venaient ensuite : la coriandre, l’aneth et le fenouil ainsi que les labiées : le thym, la sariette,le basilic et la marjolaine.





3- Le verger

Chaque abbaye se devait d’avoir son verger à haute tige ; c’était le lieu du cimetière.
Les troncs dressés symbolisaient la résurrection à venir pour les moines.
Sous les arbres, les tombes dormaient et l’herbe croissait, symbole de la félicité future.
Dans le verger, grandes variétés de poiriers, pommiers, cerisiers, pruniers...




4- Les jardins secrets

Les jardins de verdure


Les murs végétaux sont percés de portes accédant à de minuscules jardins secrets qui sont de véritables havres de paix où tout invite au repos.

Certains d’entre eux,extrémement raffinés, étaient consacrés à l’un des cinq sens :

- l’ouïe était évoquée par la volière,le bruit de l’eau et le chant des oiseaux.

- le jardin du goût abritait un petit potager dans lequel poussaient des légumes choisis pour leur beauté.

- le jardin des senteurs ans lequel on se laissait guider par des bouffées délicieuses, véritable chant d’arômes qui atteint au plus profond de l’être

- le jardin des texturesqui proposait de découvrir, du revers de la main, feuillages duveteux ou piquants.

- enfin le jardin de la vue avec ses couleurs délicieuses où s’entrelacaient les tons les plus séduisants, du bleu au pourpre en passant par les violets et tous les tons de roses que venaient apaiser quelques notes de blanc.



L'hortus conclusus ou jardín secret

L’hortus conclusus est directement inspiré des jardins bibliques. C’est un jardin de rêve, jardin secret , porteur d’un puissant symbolisme religieux inspiré par la description de l’Épouse, la Bien-Aimée , dans les Cantiques des Cantiques : « Elle est un jardin bien clos, ma soeur, ma fiancée ; un jardin bien clos , une source scellée... »
Ce jardin exprime l’essence de la Vierge et résume ses beautés et perfections.
Dans ces jardins présidés par la Vierge, les fleurs étaient elles-mêmes des symboles : la rose devenue précisemment au Moyen Age, la fleur de la Vierge, le lys symbole de la chasteté et la violette , celui de l’humilité.



« Il existe des jardins qui ne sont pas d une grande utilité et ne produisent pas grand chose.
Ils sont en fait arrangés pour le plaisir des sens : pour la vue et pour l'odorat »

Albert le Grand, De vegetabilibus et plantis ( vers 1260)

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