Jean DUBUFFET

(1901-1985)


À l'occasion du centenaire de sa naissance, le Musée National d'Art Moderne de Paris a consacré à cet artiste, fondateur dans l'art contemporain, une importante rétrospective durant l'automne 2001. Voici quelques textes, photographies pour mieux connaître le personnage, son œuvre et quelques propos de Dubuffet sur l'Art.

" Jean Dubuffet invente l'art brut, ce "jouet de l'esprit", un art qui se veut le reflet de la vie courante, accessible à tous.

Jean Dubuffet aimait les tables rases. "À chaque repas, écrit-il dans Prospectus, balayer les miettes et remettre le couvert". Son œuvre est ainsi construite : une suite prolifique de moments singuliers, esthétiquement très divers mais tous fidèles aux principes de départ qu'il s'était fixés, ceux d"un homme commun à l'ouvrage" qui agit en dehors des conventions établies par la grande histoire.

L'art des musées n'est pas le sien. Ce sont les marges qui l'intéressent, cet art dont il sera le principal porte-parole.

Ce qui ne contredit pas le caractère extrêmement savant de sa démarche, dont témoigne aussi son œuvre d'écriture.

Alfred Pacquement, Directeur du Musée National d'Art Moderne de Paris









Jean Dubuffet a été l'un de ces augmentateurs du regard qui ont permis, au-delà des conventions, de voir la richesse profuse du monde immédiat.

S'émérveiller d'une flaque de boue séchée et craquelée, des marbrures précieuses d'une aile de papillon, de l'herbe rase qui trouve son chemin entre deux pierres, du petit ciel étoilé que recèle un carré d'asphalte, voir soudain dans le réseau des rides d'un visage ancien la carte d'un pays à parcourir, s'étonner d'un monstre étrange à quatre pattes banalisé sous le nom de "vache" ou de la boîte de sardines où sont soigneusement rangés les automobilistes; c'est ce que nous a appris l'œuvre de Dubuffet.





Daniel Abadie, Commissaire de l'exposition "Jean DUBUFFET" présentée à l'automne 2001 au Musée National d'Art Moderne de Paris.











À partir des matériaux et des techniques les plus divers, Jean Dubuffet invente un art sans respect des règles conventionnelles, un art qui répond au besoin profond de l'expression.

Il explore les matériaux les plus divers : poils, végétaux, ailes de papillon, papier froissé, mâché, mouillé, matériaux de rebut. Il mélange à la peinture, sable, terre, mâchefer, céruse, cire, goudron, poussière et scories.

Ces matières récupérés, transformées sont riches de possibilités visuelles.

Dubuffet les met en évidence dans les séries aux titres révélateurs : Hautes pâtes, Matériologies, Célébrations du sol...

Il provoque aussi le regard du spectateur, sans se soucier du joli, de l'élégant, sûr qu'il est de produire une sensation forte et directe. Derrière la matière brute, le regard rencontre tout un monde, et découvre des paysages, des labyrinthes, sans haut ni bas, peuplés de figures de songe.

Vers les années 1970, Dubuffet accède à une nouvelle dimension entre sculpture et architecture : "les sculptures monumentées" en polyester peint.





Christophe Domino, L'art Moderne, Centre Georges Pompidou













"Me voici à la fin lassé de toutes les images instituées : effigies humaines pour commencer, puis les arbres, les maisons, et tous les objets identifiables. Je ne crois plus au vieil inventaire des figures dans la forme desquelles on veut confiner le monde. Je veux remettre les choses à leur point zéro, avant l'institution d'aucun vocabulaire.

Je ne veux plus rien qui puisse porter un nom, je veux me libérer de la vieille nomenclature dont on voulait me faire croire qu'elle répertoriait la réalité.

Je veux transporter ma vision de ce qui nous entoure dans un registre tout autre, je veux vivre désormais dans une réalité de rechange. Je ne veux plus qu'elle me soit donnée, je veux la faire à mon aise.





Jean DUBUFFET

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Jean Dubuffet dans son atelier en 1954
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Autoportrait V (1966) 26x17,5 cm, marqueur

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Vache au nez subtil (1954) huile sur toile, 89x116 cm, New-York
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Le Strabique (1953), Ailes de papillons, 25x18 cm
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La Députation (1975) Époxy peint au polyuréthane, 88x165x110 cm
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Tour aux figures (1988), polyesther, 24 m île Saint-Germain, Issy-les-Moulineaux