En 1917, il participe à la fondation d’un groupe qui prendra le nom de la revue qu’il publie De Stijl ( Le style ).
A cette époque, il invente une série de toiles qu’il nomme “Losanges” mais en réalité , ce sont des carrés positionnés par des angles à l’oblique.
MONDRIAN voulait que l’on accroche
ces “losanges” par un angle et très haut sur les murs.
Cette idée lui fut sans doute inspirée par les colonnes des églises hollandaises, sur lesquelles sont accrochés , en position haute, ces “ losanges” porteurs des armes et écussons des familles nobles.

A l’approche de la 2 ème guerre mondiale,
MONDRIAN part en Angleterre puis émigre aux Etats Unis.
Il est rempli de tristesse en apprenant la chute de la Hollande (son pays natal) puis de la France aux mains des Allemands.
A cette époque, sa peinture se complique.
Il décide d’ajouter à ses toiles ces fameuses lignes noires en toile.
Il écoute beaucoup de jazz et une variante de ce dernier qui fait alors fureur aux Etats unis
“ le boogie-woogie”.
Pour indiquer qu’une peinture ou toute autre chose était pleine de vie, MONDRIAN prit l’habitude de dire que cela était plein de
“ boogie-woogie” ou au contraire que cela n’avait aucun “ boogie-woogie”.

En février 1944, il tombe gravement malade et meurt à New-York.
Il laisse , sur son chevalet , une toile inachevée qu’il avait déjà nommée
“ Victoire boogie-woogie”…

La peinture de Mondrian constitue un passage obligé pour comprendre la complexité du developpement de l’art du XX ème siècle.
Sa figure s’impose tant par la qualité intrinsèque de ses oeuvres comme par l’exemple qu’il représente dans la peinture moderne.
Mondrian est en effet, l’un des plus grands représentants de l’art non figuratif qui débute en 1910
et qui s’est developpé par la suite jusqu’à devenir l’un des courants pictoriques principaux de notre époque.
La peinture de Mondrian montre une réduction chaque fois plus significative des apparences de la réalité sensible pour affirmer une autonomie propre des formes pures.Pour autant , la rigueur géométrique n’est pas une vain exercice formel ou schématique.
Mondrian a chaque fois insisté sur le fait que l’art abstrait ne nie pas les émotions liées à la réalité. Tout comme dans l’art naturaliste, l’art abstrait applique le principe de donner vie aux formes et aux couleurs , de telle sorte qu’elles provoquent des émotions.
Lorsque l’on regarde une peinture de Mondrian, il ne faut pas se laisser abuser par la simplicité et la rigueur géométrique qui la composent: derrière et à l’intérieur de ces espaces rectangulaires et de ces superficies colorées, il y a toujours une essence spirituelle qui sauve la composition de son apparente froideur et rigidité.

En Hollande où Mondrian réside de juillet 1914 à février 1919, se déroule l’expérience “ De Stijl”, mouvement qui eut un retentissement considérable dans la sphère artistique moderne.
Le premier manifeste de ce groupe d’artistes , paru en 1918, soutient que “ le nouvel art révèle le contenu de la nouvelle conscience de l’époque: proportions équilibrées entre l’ universel et l’individuel”.
Mondrian publiera sous les hospices de cette revue “ De Stijl” , divers essais parmi lesquels “ Réalité naturelle et réalité abstraite “ qui constitue l’un des textes fondateurs de l’abstraction, principalement ce que Mondrian nommera néoplasticisme; peinture qui se base sur l’angle droit et l’utilisation des couleurs primaires avec des ajouts de “ non-couleurs” : blanc, noir et gris.
Finalement , en se basant sur les suggestions qu’il sut extraire de son expérience cubiste, son art configura la vision d’un ordre serein et imperturbable qui consista à donner de la structuration de l’espace, une représentation non polyédrique ( dérivée de l’analyse de l’objet) sinon définie par des plans marqués par une richesse combinatoire sans fin.

Les oeuvres de Mondrian constituent un phénomène esthétique libre de tout dogmatisme conventionnel en relation à la réalité objective.
Il impose un ordre au mouvement et ses divisions harmoniques, figées de solides armures, réduisant la relation entre les diverses parties à une unité spatiale très caractéristique.
Son oeuvre à capter l’intrinsèque des choses du monde en se servant de formes et de mesures non comme moyens d’expression mais comme problème en soi.
Il faut chercher du rythme dans ces lignes orthogonales et de la limpidité dans les surfaces colorées pour pénétrer le subtile dynamique qu’elles veulent exprimer.
Mondrian élève à un niveau rationnel la variabilité des incidences objectives et dispose les structures comme équivalences harmoniques enregistrées à partir de relations aux mesures variables, réalisant une image dans laquelle les émotions au lieu d’être éludées passent de la sphère privée, individuelle à la résonnance d’une idéalité universelle.
C’est seulement en contemplant ainsi les réalisations néoplastiques de Mondrian que peut-être révélé la particulière substance d’un phénomène élevé à la catégorie de conscience.